Les diagnostiqueurs savent d’où vient l’augmentation des montants et consommations annuels d’énergie dans le rapport du DPE. En revanche, depuis le 1er juillet 2024, leurs clients s’en plaignent beaucoup. Le DPE surestimerait largement leurs consommations d’énergie. Comme ces particuliers nous lisent aussi, essayons de participer à l’effort de pédagogie.
Consommation réelle vs conventionnelle
Depuis 2006, la méthode 3CL s’utilise pour réaliser des DPE, mais elle reste mal comprise du grand public. En introduction, un rapide rappel s’impose. L’acronyme renvoie au Calcul de la Consommation Conventionnelle des Logements. Contrairement à la méthode sur facture, applicable aux locaux tertiaires, ce calcul repose sur un scénario d’utilisation conventionnel.
Personne ne peut prévoir précisément les factures d’énergie futures dans un logement. Elles dépendent à la fois des caractéristiques techniques du bâtiment et des usages des occupants. L’hiver, certaines personnes se chauffent à 19°C, d’autres à 24°C, sans parler de celles qui, par crainte de ne pas pouvoir payer lesdites factures, restreignent le chauffage.
Les critères standardisés du DPE permettent de comparer le niveau de performance énergétique des logements, car le résultat est indépendant des conditions d’usage. En revanche, ils rendent vaine toute comparaison avec les factures réelles d’énergie. Pardon aux ODI qui savent déjà tout ceci et passons au problème qui nous préoccupe ces temps-ci.
DPE et consommations d’énergie : juillet 2024
Dans le DPE, il y a notamment deux encarts. Le premier donne un aperçu global des coûts annuels d’énergie pour une utilisation standard sur 5 usages (chauffage, eau chaude sanitaire, climatisation, éclairage, auxiliaires). Le second montre les montants et consommations annuels d’énergie pour chaque poste. Cette transposition des résultats du DPE en coûts annuels d’énergie est critiquée depuis longtemps.
À titre d’exemple, dans le rapport du CNH d’octobre 2023, le Groupe de travail filière DPE/audits énergétiques demandait sa suppression, la qualifiant « d’irritant de crédibilité ». Primo, il la jugeait « dénuée de sens car calculée depuis un scénario d’occupation réglementaire et ne pouvant donc pas être appropriée par le ménage ». Secundo, « les coûts d’énergie étant très volatiles, il faudrait effectuer des mises à jour très régulières de ces derniers ». Ce dernier point explique l’actuelle stupeur des clients et des prescripteurs de diagnostiqueurs.
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Hausse du prix de l’énergie et tarifs dans le DPE
La fourchette de coûts dépend des prix moyens des énergies, indexés à une date donnée, définis par arrêté. Or l’arrêté du 25 mars 2024, entré en vigueur le 1er juillet 2024, ne se contente pas de modifier les étiquettes du DPE pour les petites surfaces. Outre la création de la surface de référence, il actualise les tarifs annuels d’énergie pour la réalisation des DPE. L’annexe de l’arrêté, « Évaluation des frais annuels d’énergie », explique le calcul réalisé.
Désormais, ces frais paraissent exorbitants. L’écart devient même vertigineux lors de la réédition d’un DPE. En effet, auparavant, la hausse des prix de l’électricité, du gaz ou du fioul, ne se répercutait pas encore dans le rapport. Le calcul se basait sur les prix moyens des énergies indexés en janvier 2021. Depuis juillet 2024, ils sont indexés sur les années 2021, 2022 et 2023. À cette période, en France et ailleurs, il y a eu une crise énergétique.
Communication et décrédibilisation du DPE
Bref, qu’elle soit surestimée ou non, ce n’est pas votre consommation d’énergie qui a augmenté. C’est éventuellement la consommation d’énergie du bâtiment. Et surtout, avec l’augmentation du coût en euros, associé à la consommation en kWh d’énergie primaire, ce volet du DPE attire davantage votre attention.
L’actualisation des tarifs des énergies était nécessaire, car l’estimation des factures reposait sur l’arrêté de mars 2021. Elle ne tenait pas compte de la flambée des prix. En revanche, on peut regretter l’absence de communication à ce sujet. L’évolution des seuils des étiquettes DPE pour les petites surfaces a monopolisé l’attention politique et médiatique.
Pourtant, la réaction des commanditaires de DPE, face à la hausse des barèmes des frais annuels d’énergie, était prévisible. De longue date, cette estimation et ces montants sont incompris des propriétaires de logements. Ce changement brutal leur paraît d’autant plus absurde. Il contribue à décrédibiliser le DPE et donc la personne qui le réalise.
Au bout du compte, il serait peut-être temps d’envisager de supprimer ces deux volets du DPE. Ils alimentent inutilement la confusion entre les consommations conventionnelles et les consommations réelles. Mais si le futur ministère du Logement choisit de les conserver, alors espérons qu’il n’attendra pas trois ans pour actualiser les tarifs annuels d’énergie.
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